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Dans les tiroirs de Fanny
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Dans les tiroirs de Fanny
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21 février 2010

La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie...

A son arrivée dans le service de soins palliatifs, j'ai craqué pour cette vieille dame aux cheveux blancs et au discours élaboré. Ah ça fait plaisir d'entendre un patient parler sans gros mots, avec courtoisie, de demander avec "s'il vous plaît" et de remercier, de s'excuser... la patiente idéale :)

Mais ce qui pour moi est aussi une première, c'est que c'est la première patiente qui me parle de sa mort... Elle s'y est préparée, elle sait que son RV est imminent.. Elle a tout organisé pour son mari pour qu'il n'ait à se préoccuper de rien. Ca me touche plus que je n'aurais pensé. Cet amour pour son époux, cet altruisme, m'émeuvent.

Elle n'a pas peur. Elle est croyante et égrène son chapelet. Lors d'une discussion, elle me dit qu'elle n'a pas de regrets dans sa vie, si ce n'est de ne pas avoir eu d'enfants, son cancer a été diagnostiqué durant sa première grossesse qui a dû être interrompue. Elle a toujours travaillé, a toujours économisé pour avoir un toit sous lequel abriter sa retraite. Elle aime voyager et était il y a peu de temps encore, en Autriche, pour y faire de longues et belles promenades.

Jour après jour son état se dégrade pourtant. Elle ne peut plus se lever pour aller aux toilettes et vit très mal cette dépendance, ce qu'elle ressent comme une déchéance, une dégradation d'elle-même. Pourtant nous nous efforçons d'être douces, rapides, présentes... Mais la colère prend le dessus...

Un après midi, elle m'avoue vouloir "se flinguer"... Elle est en colère après Dieu, qui l'a oubliée... Je n'ai pas d'arguments sur ce plan là, mais je lui enverrai Norbert l'aumônier (ben oui je l'appelle ainsi puisque c'est ainsi qu'il s'était présenté à moi - je me souviens d'ailleurs de mon dépit à voir un si bel homme marié à l'Eglise), qu'ils règlent entre eux ce différend divin...

L'équipe et le médecin décident de la sédater, afin qu'elle ne se rende plus compte de son état et qu'elle n'en souffre plus.

A l'heure où j'écris, confortablement installée dans mon week end de repos, je ne sais pas si Dieu s'est enfin souvenu d'elle ni s'il a abrégé ses souffrances...

Edit : elle est décédée mardi matin, sereine. Visiblement Dieu ne l'a pas oubliée, à mon avis elle n'est pas loin de lui......

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Commentaires
A
Bouleversant ce post.........<br /> J'admire ton métier et ce que vous faites pour ces personnes en fin de vie, moi si trouillarde face à la maladie.<br /> J'espère que cette dame est partie en paix et en douceur.........<br /> A bientôt, gros bisous
V
ton billet est touchant et ca fait plaisir de voir de l'empathie près de personnes dépendantes mais qui a tout planifié on devrait tous faire comme cela a l'hiver de notre vie quand on est encore consciente pour ne pas mettre nos proches dans l'ambarras, la douleur et la culpabilité a bientot peut etre sur mon blog bon dimanche de repos
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