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Dans les tiroirs de Fanny
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3 juin 2010

Urgences et priorités

Depuis une semaine, j'ai retrouvé les plaisirs du boulot aux urgences. Surtout des urgences de proximité dirais-je. Beaucoup de traumatologie en ce moment, des sutures aussi. Quelques douleurs thoraciques suspectes, rarement vitales.
Par contre, toujours beaucoup de stress, d'anxiété. Quelquefois ça dégénère en agressivité, et c'est la secrétaire qui prend tout : elle est en première ligne.
Mais toujours cette même problématique : comment faire comprendre aux patients - impatients - que ce qui est urgent pour eux ne l'est pas forcément pour nous. Qu'une douleur qu'ils traînent depuis 4 jours n'est plus une urgence. Qu'une angine n'est pas une urgence. Qu'un bouchon de cérumen n'est pas une urgence. Qu'une quantité de sang qui coule à l'extérieur nous alarme moins que quand elle coule à l'intérieur, surtout, quand elle coule à l'intérieur et ne se voit pas...

Certes, l'attente est longue. Et ce soir, une Maman m'a abordée. Elle accompagnait son enfant qui saignait du nez. Epistaxis on appelle ça (Thouyette, si tu me lis ;) ). Toute mère bien sûr est angoissée devant un problème de santé présenté par son enfant et celle-ci n'échappait pas à la règle. Pourtant c'est avec beaucoup de politesse, de courtoisie et d'égards qu'elle m'a demandé pourquoi la dame avec les béquilles "un problème de pied" était passée avant son petit garçon. Vu comme ça, je comprenais tout à fait son interrogation. C'est donc très gentiment que je lui ai donné raison :
- oui, les enfants peuvent parfois être prioritaires
- oui on trie selon les problèmes de santé des gens
- oui la dame avec les béquilles est passée avant son garçon.

Sauf que, lui ai-je également dit, je ne pouvais pas lui dire pour quelle raison la dame était passée avant son fils. Secret professionnel oblige, je ne pouvais pas lui dire que cette dame suspectait une phlébite, avec des antécédents d'embolie pulmonaire dans sa famille. Les béquilles c'était pour sa tendinite, et qui étaient sans rapport avec sa venue aux urgences.

Si j'avais pu lui dire cela, elle aurait sans doute compris pourquoi son fiston allait encore devoir attendre un peu... Alors j'ai biaisé... "Madame, tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il était tout à fait justifié que cette patiente passe avant votre fils. Je suis désolée, mais il va vous falloir patienter encore un peu, même si demain "y'a école", mes collègues vont s'occuper de vous."

Et je suis lâchement partie, m'occuper de ma propre famille, en espérant que les filles ne dorment pas encore et que je puisse encore leur faire un bisou.

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Commentaires
A
C'est vraiment un sacré boulot que le tien, je te l'ai déjà dit je t'admire !!!!
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